19 novembre 2009

Ever and never

Je flâne je hante les lieux longtemps restés sans vie... Un peu comme si je déterrais de vieux cadavres enfouis au fond de mon jardin. Depuis le temps ils devraient être rongés par les vers mais il n'en est rien. Leur pâle figure de musée me regardent tristement en grimant de vieilles ires dégueulasses. Oui... c'est comme ça. Il y a peu de temps j'avais découvert au fur et à mesure de mes balades sur la toile de vieilles photos de maisons et manoirs à l'abandon. J'ai toujours été attiré par les lieux inhabités et encore plus quand il y a eut une histoire entre les murs. J'ai découvert le manoir de Tyersall à Singapour, le manoir abandonné magnifique qui me donne envie de voyages... Il y a également l'hôpital-sanatorium de Beelitz-Heilstätten qui me fascine... un peu à la Silent Hill ?
J'aime son côté décalé à la fois intéressant et intriguant. Ses manières fantasques de sortir du paysage comme un arbre tordu. J'aimerais y aller... mais Singapour c'est loin... En attendant je cherche encore ma maison hantée, celle où je me sentirais bien. Quand j'étais encore une petite fille, le soir ma nourrice venait me chercher à la sortie de l'école. Pour faire au plus court on longeait l'eure par un petit chemin qui menait derrière la maison de ma nourrice. Au bord de ce chemin il y avait de vieilles granges, des prés en jachères et dans un renfoncement derrière une grande barrière rouillée, se tenait une maison. Elle devait dater certainement au vu de son architecture. Je ne saurais dire vraiment quelle époque parce que je ne me rappelle pas exactement de ce à quoi elle ressemblait. Je me souviens surtout de ses fenêtres œil de bœuf tout en haut, ressemblant à celles qu'on peut voir ici en Ile de France dans certains hôtels particuliers reconvertis en habitation. Ma nourrice pressait toujours le pas, on aurait dit que cette vieille bâtisse l'effrayait. Un soir en me raccompagnant elle m'avait raconté l'histoire de cette maison. Une famille habitait là, elle jouait avec la petite fille de la famille quand elle était encore une enfant. Un soir elle est restée dormir chez elle et c'est la dernière fois qu'elle l'a vu. Quelques jours plus tard, dans le journal local, on annonçait qu'une famille avait été retrouvé tuée par balle... dans cette maison. On disait que c'était un crime, ou alors que le père avait pété un plomb et qu'il avait descendu toute sa famille. Finalement nous n'avons jamais su mais elle, ma nourrice elle savait sûrement. Enfin moi cette maison elle ne m'effrayait pas et j'aurais aimé entrer dedans. Je n'ai pas atteint l'âge pour le faire et je pense que maintenant elle doit être démolie... plus tard peut-être quand je pourrais j'irais voir si ses vieux murs crasseux sont encore debout longeant l'Eure... C'est sans doute à cause de cette attirance pour les lieux abandonnés que j'ai toujours fait le même rêve. Bien avant que je ne connaisse cette maison, dans mes songes me revient toujours une maison, la même. Si je pouvais la dessiner je le ferais, j'aurais alors je pense une sacrée collection de gribouillis représentant cette baraque. Elle change parfois, se faisant triste ou menaçante mais c'est toujours un réel sentiment de bien être que je ressens lorsque mon moi en rêve entre dans le petit vestibule. Elle ressemble un peu à ces vieilles maisons d'avant guerre, toute droite élancée avec un escalier devant. Un perron aux marches craquelées recouvert de lierres infiltrés dans ses fissures. Quand on pousse la porte, on pénètre dans un vestibule avec un escalier en bois foncé. Le plafond n'est pas haut, mais on peut voir les tentures sur les murs. L'escalier qui monte à l'étage ne mène jamais nulle part. C'est juste une porte blanche derrière laquelle il y a des bruits étranges. Malgré tout je ne ressens aucune peur. Plusieurs fois j'ai tenté d'ouvrir la porte par dessous laquelle je voyais de la lumière et des ombres. Une fois cela m'est arrivé... j'ai monté une à une les marches presque tremblante, ma main allant bien avant de mon corps afin d'atteindre la poignée boule dorée. Lorsque la porte s'est ouverte, à l'intérieur ce n'était que désolation et souffrance. Les murs recouverts autrefois d'un papier peint qui devaient être beau étaient gris et sales dégueulant des lambeaux de papier jauni et poussiéreux. Le sol un parquet outrageusement souffreteux de par le nombre de pas traînés recouvert d'une mousse verte humide et spongieuse dans laquelle mes pieds nus s'enfonçaient. Devant moi une fenêtre aux vitres brisées se dissimulait derrière des voilages déchirés gris et jaune voletant au gré d'un vent violent qui ne m'atteignait mystérieusement pas. Devant la fenêtre se découvrait soudainement d'un voile un berceau en osier noirci. Je m'avançais alors vers ce meuble de nourrisson et en tirait le voilage qui s'effritaient entre mes doigts. Dans le berceau dormait un cadavre de nouveau-né, tout sec et raide. Je pouvais voir ses petits os blanchis par le temps et la forme de son crâne à travers le tissu qui recouvrait ce qui fut autrefois sa tête. Je poussais alors un cri tentant de m'enfuir de cette pièce mais des mains ou plutôt des ombres noires me retenaient. Je n'arrivais pas à leur échapper, mes pieds tentant de détaler et mes mains tâtonnant le vide devant moi. La porte me semblant si loin et en même temps si proche que je pouvais en toucher la poignée. Je réussis tout de même à m'enfuir, détalant dans les marches prête à tomber et lorsque je me trouvais dehors dans le jardin, il n'y avait plus de maison lorsque je me retournais. Plus rien à part un immense carré plus clair sur la pelouse jaunie transfigurant la place de la demeure. C'est toujours à cet instant qu'on a envie de se réveiller mais non... c'est toujours différent à ce niveau de mon histoire. Car dans les rêves on peut souvent tourner à notre manière le dénouement soudain qu'il peut arriver. Sans doute pour trouver un peu de réconfort, j'ai continué mon rêve qui allait bien au delà de ce que je pensais mon esprit capable de faire. Je fermais les yeux et lorsque je les ouvrais je voyais de nouveau la maison mais elle était neuve, comme si elle n'avait jamais connu les affres du temps... lorsque mon regard parcourait la façade je pouvais remarquer qu'à la fenêtre du premier étage se tenait une femme aux cheveux longs tenant dans ses bras un enfant aux cheveux blonds comme sa mère... qui n'est autre que moi... Un sourire s'affiche alors sur ses lèvres et je me suis réveillée, comme cela... Je n'ai jamais songé à parler de cela à qui que ce soit alors c'est vraiment enfin peut-être un soulagement que de le pencher ici. Malgré tout je garde encore à l'esprit que ce n'est pas terminé... parce que la nuit quand je m'endors, ma tête est traversée d'images atroces et je ne peux m'empêcher de repenser à celle de ce corps d'enfant mort. Quand je suis arrivée sur Paris il y a 10 ans, j'ai habité dans un quartier résidentiel où s'aligne de belles maisons, moi la mienne était la plus pourrie... Enfin c'est ce que je pensais. Un jour pas longtemps après avoir emménagé j'ai marché et je suis tombée nez à nez avec la maison de mon rêve. Elle était pareille, surprenante et étrange, me faisant froid dans le dos j'ai fui et suis retournée chez moi. Je ne suis jamais repassée devant et puis... il n'y a pas si longtemps j'ai été jusque là-bas et elle ne me faisait plus peur. Elle avait été rénovée et ne ressemblait plus à ce qu'elle était auparavant. Quelque peu déçu car j'aurais aimé ce jour là en faire quelques photos pour pouvoir me guérir un peu.

2 commentaires:

Shéris a dit…

pfiouu j'ai tout lu ^^
Ca me laisse un peu perplexe .. au début tu nous parles de photos de maison délabrées qui te réconfortent et t'apaisent.. et à la fin tu nous dit qu'en fait elle te font peur et tu parle de te guérir ..

Alors finalement: elles t'apaisent ou te font peur ? ^^

Valandra a dit…

J'avoue que ça peut être difficile de comprendre quamd on ne me connait pas. En fait c'est surtout pour me guérir du traumatisme engendré par cette maison en particulier que j'aimerai en découvrir d'autres.